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Les erreurs de tous les jours

  • Être âgé entre 30 et 35 ans

    Cette expression barbare s’entend partout, incluant à la radio et à la télévision. Pourtant, en français, il est tellement simple de dire : il avait entre 30 et 35 ans.

    On entend aussi une autre expression, assez similaire : il était âgé de 30 à 35 ans. En français, il suffit de dire : il avait entre 30 et 35 ans.

    De la même façon, il n’est pas nécessaire de dire : il est âgé de 30 ans. Il suffit de dire : il a 30 ans.

    Toutes ces constructions fautives sont un calque de l’anglais : être âgé de = to be X years old

  • Avoir de la misère

    La misère ne peut désigner qu’une seule chose, en français : être dans un état de privation de ce qui est essentiel à la vie. Ainsi, on pourra dire que quelqu’un vit dans la misère.

    Mais on ne peut pas dire : j’ai de la misère à compléter ce travail.

    Dans un tel cas, on doit alors utiliser difficulté ou des synonymes comme ennui, obstacle, etc.

  • Une belle température

    Cette faute est omniprésente, même à la télévision. Il faut se rappeler que la température ne peut jamais être « belle ».

    En effet, la température désigne ce que l’on peut lire sur un thermomètre. On ne peut donc pas dire que 25º C est « beau », puisque cela réfère uniquement à l’aspect plus ou moins chaud ou froid de l’air qui nous entoure.

    Ce qui peut être beau, c’est le temps.

    Exemple : Aujourd’hui, il fait -35 º C. La température est très froide mais le temps est très beau.

  • Bénéfices marginaux

    La plupart des sociétés prévoient, outre le salaire, certains avantages pour leurs employés, comme une assurance sur la vie, une assurance médicaments, une assurance dentaire, etc.

    En anglais, on appelle souvent ces bénéfices fringe benefits.

    En français, il faut plutôt parler des avantages sociaux.

  • Les blessures corporelles

    On entend fréquemment cette expression dans le monde de l’assurance de dommages. C’est une traduction littérale et fautive de l’expression anglaise bodily injury.

    En français, on doit dire dommages corporels.

    Cela s’inscrit bien dans la logique de la responsabilité civile, qui peut entraîner des dommages, qui seront, selon le cas, matériels, financiers ou corporels.

  • Ça l’a été important

    On entend, semble-t-il, de plus en plus souvent cette liaison tout à fait inappropriée. Le chroniqueur Pierre Foglia disait, avec un brin d’ironie, que l’on assistait à la « lalalisation » du français chez nous.

    Si, au lieu de prononcer cette phrase, on l’écrit, on ne mettra évidemment pas « L’ » avant le verbe a. On écrira soit :

    Cela a été important;
    ou
    Ça a été important.

    L’une ou l’autre façon est tout à fait acceptable et l’une et l’autre démontrent que l’on connaît la façon d’écrire correctement.

  • Commission contingente

    La commission additionnelle qui peut être versée par l’assureur à un courtier sur l’ensemble de son portefeuille, lorsque les résultats techniques d’une année ont été positifs, est souvent désignée sous l’appellation de commission contingente.

    C’est évidemment une traduction littérale de l’expression anglaise correspondante : contingent commission.

    En français, contingent est synonyme de : accidentel, aléatoire, éventuel, fortuit.

    Ce n’est donc pas une expression correcte. On devrait plutôt dire commission sur les bénéfices ou participation bénéficiaire.

  • Je suis dévasté

    Sauf en littérature, ce mot ne peut que signifier ruine et désordre. Par exemple, on peut parler d’une ville ou d’une maison dévastée.

    Mais, on ne peut jamais dire que quelqu’un est dévasté. C’est un anglicisme patent.

    Ce que l’on peut dire, pour rendre le sens anglais du mot, c’est que la personne était accablée, abattue, écrasée, découragée, effondrée, etc. Mais elle ne peut jamais être dévastée !

  • Dispendieux

    On entend très souvent le mot dispendieux pour indiquer que quelque chose est cher. Or, ces deux mots ont des sens un peu différents.

    Le mot cher réfère à une chose dont le prix est élevé.

    Exemple : Les voitures de marque Rolls-Royce sont chères.

    Le mot dispendieux indique plutôt qu’une chose occasionne beaucoup de dépenses, à l’usage, par exemple.

    Exemple : Cette voiture n’était pas chère mais elle est très dispendieuse

  • Je ne sais pas c’est qui/quoi

    Ces expressions avaient l’habitude d’être utilisées uniquement par les enfants, qui ne connaissaient pas encore la tournure correcte des phrases en français. Cela est plus étonnant quand ce sont des adultes qui utilisent cette tournure, comme la mode s’en est répandue depuis plusieurs années.

    En français, la règle de base est que le sujet (qui) doit se placer avant le verbe, à moins que la phrase ne soit interrogative.

    On doit donc dire, pour éviter cette tournure infantile :

    • Je ne sais pas qui c’est ou
    • Je ne sais ce que c’est
  • Les argents prévus à cet effet

    Le mot argent au sens de sommes d’argent ne s’utilise pas au pluriel. On doit toujours dire ou écrire ARGENT.

    On peut utiliser des mots comme SOMMES, FONDS, ESPÈCES, selon le cas et le sens.

    Exemples :
    • Les sommes prévues pour ce projet sont considérables.
    • Les fonds nécessaires seront disponibles demain.
    • Les espèces doivent être comptées soigneusement.
  • Arrêter à la lumière rouge

    Sous l’influence de l’anglais, on dit couramment s’arrêter à une lumière. On dit aussi lumière rouge ou lumière verte. Cela rappelle évidemment green light ou red light.

    En français, l’expression correcte est feux de circulation. Par extension, quand on peut poursuivre sa route, on dit alors que le feu est vert. Si on doit s’arrêter, c’est que le feu est rouge.

  • Moins pire

    Voici une faute que l’on entend très souvent. Or, le mot pire est l’opposé de meilleur et le mot moins est l’opposé de plus. Est-ce que nous dirions : il est plus meilleur ? Nous disons alors simplement : il est meilleur. Il faut faire de même avec pire.

    Pire ne peut donc jamais être utilisé avec moins ou plus. Il doit être utilisé seul : mes notes sont pires que la dernière fois.

    Pour remplacer moins pire, on peut, selon le cas, avoir recours à moins grave, moins mauvais¸ moins épouvantable, moins bon, etc.

  • Pas si pire

    Cette expression est très couramment utilisée. Il y a d’ailleurs un lien de parenté avec une autre expression erronée : moins pire (voir le texte portant ce titre).

    Le mot pire est le pendant de meilleur. Or, on ne dirait jamais si meilleur.

    Exemple :
    • Qui dirait : Je n’ai jamais vu une émission si meilleure.
    • On dirait plutôt : Je n’ai jamais vu une émission si bonne.

    De la même façon, on doit dire si mauvaise et non si pire

    Exemple :
    • À proscrire : Le spectacle n’était pas si pire.
    • À dire : Le spectacle n’était pas si mauvais.
  • Les arrangements pécuniers

    Le mot pécunier n’existe pas en français. On doit toujours dire ou écrire pécuniaire, que le mot qu’il qualifie soit masculin ou féminin.

    Exemples :
    • Il y a un avantage pécuniaire intéressant lié à mon emploi.
    • J’ai reçu une aide pécuniaire de mon employeur.
  • J’ai fait une réclamation à mon assureur

    En assurance de dommages, en cas de sinistre, il y a deux possibilités. On peut :

    • Demander une indemnité à son assureur ou
    • Réclamer en tant que tierce partie.

    Ainsi :

    • On peut considérer un sinistre admissible en vertu d’une police d’assurance Biens. Dans ce cas, l’assuré demande à SON assureur à être indemnisé en vertu de sa police.
    • On peut considérer un sinistre admissible en vertu d’une police d’assurance de la Responsabilité civile. Dans ce cas, une demande d’indemnité est faite à l’assureur d’un tiers.

    Quand on fait une demande d’indemnité à son assureur, ce n’est pas une réclamation que l’on fait mais simplement une demande d’indemnité. Si l’assureur refuse d’indemniser son client, celui-ci devra alors faire une réclamation, puisque sa demande d’indemnité a été rejetée.

    Quand il s’agit d’un tiers, on fait toujours une réclamation.

  • J'ai pris une vacance

    Au singulier, le mot vacance, ne signifie qu’une chose : un poste est vacant.

    Exemple : il y a une vacance à la comptabilité

    Si on veut référer aux périodes de congé, on doit écrire vacances au pluriel

    Exemple : je serai en vacances la semaine prochaine – je prendrai des vacances.

  • Avoir de besoin

    On entend fréquemment : j’ai de besoin de …

    Dans cette tournure, le premier de est superflu et fautif. Il faut dire : j’ai besoin de ceci.

  • Avoir deux alternatives

    Dans l’usage courant, on dit souvent avoir deux alternatives pour signifier qu’il y a deux possibilités.

    C’est une erreur sur le sens du mot. En effet, une alternative veut dire qu’en plus de la première solution, il y en a une autre. Il n’est pas nécessaire de dire que l’on a une autre alternative.

    Exemple : si je n’achète pas cette voiture, j’ai une alternative.

    Si on dit qu’il y a deux alternatives, cela signifie qu’il y a une première possibilité et deux autres solutions.

  • Faire une cotation

    Souvent utilisé en assurances, le mot cotation n’est pas synonyme de prix ou soumission, qui sont les sens dans lesquels ce mot est utilisé dans notre domaine. Son utilisation correcte se situe dans le domaine de la Bourse, quand on fait référence aux cours des valeurs.

    On peut le remplacer par soumission ou devis, selon le cas.

    Une soumission est « un écrit par lequel un entrepreneur s’engage à se soumettre aux clauses du cahier des charges d’une adjudication, moyennant le prix qu’il propose » (Larousse).

    Dans ce cas, l’entrepreneur confirme donc qu’il s’engage à réaliser le contrat, connaissant le contenu du cahier des charges, s’il obtient le prix qu’il exige.

    Le devis est « un état détaillé et estimatif de travaux à accomplir, qui constitue un avant-projet et non pas un engagement formel » (Larousse).

    Il s’agit donc d’une indication très détaillée mais pas d’un engagement ferme.

    En assurances, on devrait donc utiliser soumission quand on a tous les éléments permettant de juger du risque et qu’on est prêt à s’engager contractuellement si on obtient le prix que l’on veut.

    Par contre, si on ne veut transmettre qu’une indication, sans engagement définitif, pour un risque qui est par ailleurs bien connu, on utilisera devis.

  • Garder le focus

    Quand on parle de se concentrer ou de faire la mise au point de son appareil photographique, on utilise souvent le mot focus. Or, ce mot n’existe pas en français.

    Pour le remplacer :
    • En photographie, on doit utiliser mise au point;
    • Dans les autres cas, on utilisera plutôt, selon le cas, mettre l’accent sur quelque chose, se concentrer sur quelque chose, etc.
  • Il a acheté un habit

    Le mot habit au sens de complet est archaïque. En français contemporain, un habit désigne une tenue de soirée ou une tenue particulière propre à une fonction (par exemple, un habit de pompier).

    Pour désigner l’ensemble composé d’un veston (ou veste), d’un pantalon et parfois d’un gilet, tous taillés dans la même étoffe, on doit utiliser le mot complet.

  • Il va reviser sa position

    Le mot reviser n’apparaît pas au dictionnaire français.

    On doit toujours dire et écrire réviser.

  • J’ai acheté une auto usagée

    L’expression auto usagée est un calque de l’anglais used car.

    En français, le mot usagé est synonyme de usé, vieux. Ce n’est certainement pas le genre de voiture que l’on souhaite habituellement acheter !

    Il faut plutôt dire une voiture d’occasion ou de seconde main.

  • J’ai adressé ce sujet

    En anglais, on peut dire tout à fait correctement : I have addressed this topic / this audience.

    Mais, en français, le mot adresser signifie faire parvenir quelque chose à quelqu’un (Larousse).

    Pour éviter cet anglicisme, voici quelques recommandations (tirés de la Banque de dépannage linguistique de l’OQLF) :
    • Si on parle d’un problème, il faudra plutôt utiliser aborder, s’attaquer à, s’occuper de, voir à.
    • Pour traiter d’une tâche, on pourra dire s’attaquer à, s’atteler à.
    • Au lieu d’adresser un auditoire, on dira s’adresser à, prendre la parole devant.
  • J’ai appliqué sur ce poste

    Le mot appliquer signifie, notamment, « poser, mettre un objet, une matière sur quelque chose de façon qu’ils le recouvrent, y adhèrent… » (Larousse).

    Ainsi on pourra écrire ou dire : appliquer une peinture, appliquer une crème, appliquer une règle, appliquer une échelle contre un mur, etc.

    Mais, l’expression appliquer sur un poste est un anglicisme, calqué sur to apply on a job. Il faut également éviter faire application, qui a la même source.

    On dira plutôt faire une demande d’emploi, présenter sa candidature, postuler à un poste.

  • J’ai fait l’incorporation de ma compagnie

    On entend fréquemment cette expression et son proche parent corporation.

    Dans les deux cas, il s’agit d’une traduction littérale de l’anglais corporation ou incorporation, selon le cas.

    Or, en français, une corporation « désigne l'ensemble des personnes qui pratiquent une même profession » (Grand dictionnaire terminologique de l’OQLF). Ainsi, on peut parler de la corporation des ingénieurs. Mais il est erroné d’utiliser ce terme pour désigner les sociétés.

    Pour celles-ci, on doit remplacer corporation par personne morale, qui est l’expression utilisée dans le Code civil du Québec

    Incorporation devient alors constitution en personne morale.

  • Le match a attiré une audience monstre

    Il y a souvent confusion entre audience et auditoire.

    En français, le mot audience peut signifier plusieurs choses. Ainsi, on pourra dire :
    • Il a été reçu en audience par le pape;
    • Il y aura audience publique sur ce sujet;
    • Les témoins ont comparu lors de l’audience d’hier

    Mais, comme synonyme d’auditoire, c’est un anglicisme. En français, auditoire désigne le fait pour des gens de se réunir pour assister à une manifestation quelconque,

    On doit donc dire : Le match a attiré un auditoire monstre